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Yves nous raconte ses balades en haute vallée de la Bléone

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(@apnel)
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LA HAUTE VALLEE DE LA BLEONE, UN PARADIS POUR LA RANDONUE

Comment avons-nous choisi ce petit coin de montagne perdu, nous qui venons des Pyrénées
et ne connaissons des Alpes que les massifs vedettes ?

L’année dernière, lors d’un séjour à Valensole, où nous avions échoué, pour cause de mauvais temps sur l’Oisans, notre regard avait été accroché par ces montagnes que nous apercevions au-delà de Digne.
Assez hautes et formant de longues crêtes, elles paraissaient intéressantes à parcourir.
C’est ainsi que ce mois d’août, nous avons passé en famille une douzaine de jours au camping Mandala, à Prads sur Bléone.

Nous sommes tout de suite séduits par ce fond de vallée où l’eau coule de partout et taille allègrement dans la roche, aux strates friables et tendres, des ravins impressionnants. Tout ici, est contraste : la végétation passe d’un coup du méditerranéen à l’alpestre suivant que l’on se trouve sur un versant sud ou nord. Le relief, stratifié, creusé et raviné vers le bas, s’adoucie soudainement vers 1800 m pour faire place à des pâturages aux formes douces et arrondies jusque vers 2200 ou 2300 m et redevient souvent rocheux, pierreux et croulant au dessus.

Dès nos premières randonnées, nous constatons qu’il y a très peu de monde sur les sentiers et que les seules personnes que l’on croise en montagne sont les bergers et leurs troupeaux. Nous partons pour la crête du Cadun à partir du village de la Favière et nous ne verrons personne de toute la journée.

Quelques jours après, je propose à la famille d’aller faire un tour vers la Montagne des Têtes avec peut-être l’ascension du pic des Têtes. Nous partons du village de Mariaud. Il y a d’abord une très longue traversée dans des ravines jusqu’à un plateau herbeux à proximité de la cabane de Val Pouzane. Ici aussi nous ne rencontrons pas âme qui vive. Nous sommes éblouis par la variété et la beauté des paysages. Nous passons sans transition d’un environnement semi désertique à une prairie verdoyante entourée de sapins, puis à un ravin parsemé de lavandes, de touffes de sarriette et de genévriers.

C’est Lionel, mon fils, qui a suggéré le premiers que nous pourrions randonner nus, et une fois la cabane dépassée, nous nous dévêtons entièrement et goûtons au plaisir des caresses du vent après la chaleur de la première partie de l’itinéraire.

Pendant que nous nous élevons sur la crête herbeuse, nous apercevons quelques randonneurs arrivant à la cabane de Val Pouzane. Ils sont trop loin pour remarquer notre nudité et nous nous intéressons plutôt aux edelweiss qui couvrent les pelouses.

Mireille, mon épouse, qui n’a pas souhaité se déshabiller, ne résiste pas à l’envie d’en prélever trois. Je lui fais les gros yeux, mais je crois que nudité s’accorde mal avec sévérité, et elle les glisse entre les pages de mon carnet de croquis.

La croupe raide et pierreuse devient de plus en plus pénible à remonter. Nous nous arrêtons sur la Tête de Belau à 2242 m pour casser la croûte. Il nous reste 400 m de dénivelée pour atteindre le pic des Têtes et nous sommes face à un pierrier qui se redresse jusqu’à une barre de rochers croulants et le reste de l’ascension n’a pas l’air plus réjouissant.

Pourtant la carte IGN note un sentier en pointillé le long de cette crête. En fait, après examen du terrain, nous pensons qu’il aurait été préférable de partir un peu plus au nord, monter sur une butte à 2273 m appelée Pié Gros et de gravir un pierrier raide mais régulier jusqu’au col des Têtes à 2572 m. De là, on peut atteindre le pic des Têtes pas une pente facile.
Nous nous contentons aujourd’hui de la Tête de Belau. Il fait beau, l’air est frais, nous sommes nus et la vie est belle.

Le retour se fera nu jusqu’à proximité du village (il faudra juste remettre le short un petit moment près de la cabane de Val Pouzane, car un groupe de randonneurs passait par là) ce qui fait près de cinq heures de nudité.

Lionel nous a quitté depuis quelques jours et nous sommes donc, Mireille et moi, seuls comme un vieux couple.
La veille de la fin de notre séjour, nous décidons de monter au sommet de Belle Valette, qui émerge de la forêt juste au-dessus du village… « Pourquoi ne pas traverser jusque vers La Julie ? » nous suggère Nina, la patronne du camping.
Elle connaît bien sa vallée et donne de bons conseils. Nous aviserons là-haut.

Nous partons à pied du camping pour gravir le sentier qui mène en une demi-heure à Gaudichard. C’est une clairière au milieu de la forêt, 250 m à l’aplomb de Prads où est installé un centre de vacances très particulier. On s’y rend à pied, on y est isolé du reste du monde et l’on dort sous des tentes, des yourtes ou des tepees. Les bagages et le ravitaillement y sont acheminés par un câble monte-charge, depuis le village.
Nous traversons discrètement le campement où des enfants jouent. Ce doit être merveilleux pour eux, de vivre comme des Indiens dans un tel lieu.

Le sentier balisé, très raide, paraît peu fréquenté. Comme le soleil commence à chauffer, je me déshabille sans hésitation. Nous arrivons sous les sapins à la baisse de Belle Valette (c’est ainsi qu’ils appellent les cols, là-bas). Une vague trace s’élève vers notre destination. Nous l’empruntons et nous sommes bientôt au sommet, au-dessus de la forêt.

Mireille s’est en partie déshabillée, ne gardant que sa culotte. Nous admirons toutes les montagnes que nous avons parcourues durant notre séjour et la vallée de la Bléone coule à nos pieds. Il est encore tôt et nous décidons de redescendre au col pour remonter en face.

Cela a l’air attirant et la suggestion de Nina nous revient en mémoire. Après consultation de la carte, il suffit de suivre la crête pour arriver au bois de la Julie, à quatre kilomètres en amont de Prads. Nous nous lançons donc sur cet itinéraire. Le balisage a laissé la place à des cairns et la crête est plutôt une croupe herbeuse, assez élancée, où poussent des pins sylvestres souffreteux. Ici aussi, pas de trace fraîche de présence humaine.

Pour moi, qui ne conçois la randonue que sans rencontre textile, cela me procure une quiétude fort agréable.
Seules, les mouches qui nous assaillent nous importunent. Cela dure depuis le col et nous avons chacun notre nuage. Pour ma part, je m’en accommode à peu près et arrive à les oublier, mais Mireille s’en plaint de plus en plus. « On ne va jamais pouvoir manger tranquillement avec toutes ces bestioles ! Si je m’arrête, je vais devenir folle…

- Hé bien, on peut continuer sans s’arrêter, ou bien on redescend tout de suite dans la vallée !
- Mais j’ai faim et il va falloir que je mange, sinon je vais m’écrouler ! »

Avisant l’ombre d’un bouquet de pins nous décidons de nous y rendre pour tenter de manger. Mireille enfile un ticheurte à manches longues, drape ses jambes dans sa veste et se coiffe de son short ! Ainsi accoutrée, elle ne sent plus les insectes se promener sur sa peau, et les jambes du short lui font office de chasse-mouches en bougeant à chaque mouvement de tête. Je continue à endurer les assauts des mouches et j’essaie moi aussi de me coiffer de mon short. Oh ! miracle, çà marche ! Bientôt, plus une mouche ne nous tourne autour, peut-être leur faisons nous peur ? Mais non, comme nous sommes à l’ombre, la température y est très fraîche, trop, sans doute pour ces petites bêtes délicates, qui nous abandonnent pour revenir au soleil. Nous pouvons casser la croûte sans souci.

Au bout d’une heure environs, nous commençons nous aussi à ressentir la fraîcheur et nous reprenons notre progression sur la crête. Celle-ci devient plus effilée et rocheuse,et les seules traces que l’on voit sont des branches coupées sur les arbres pour faciliter le passage. Encore quelques dizaines de mètres et nous voilà face à une arête fine comme une lame de couteau entourée de précipices de part et d’autre. J’avise sur le coté une vire que l’on peut suivre en enjambant le tronc d’un pin aux formes tourmentées, mais quelques mètres plus loin, la vire s’interromp. C’est alors que Mireille me rappelle qu’en montagne, nous sommes très complémentaires et elle monte sur le fil de l’arête en empoignant un câble que je n’avais pas remarqué. « Bien observé, ma Mimi ! »

Au bout du câble d’une dizaine de mètres, le reste de la crête n’est qu’un jeu d’enfant. Elle descend progressivement jusqu’à un petit col parsemé de sapins et de pelouses bien vertes. Nous sommes à la baisse des Clots et nous retrouvons un chemin balisé qui permet d’aller de la vallée de la Bléone à la vallée de l’Arigéol.

Nous sommes étonnés de n’y rencontrer personne, alors que le lieu est magnifique, avec une alternance de bois et de clairières. Un petit air vient nous rafraîchir agréablement, et c’est un plaisir de rester nu sans la moindre inquiétude d’une rencontre intempestive. Il nous suffit à présent de suivre le chemin vers le bois de la Julie. Il s’enfonce sous les sapins en se faufilant entre des barres rocheuses. En quelques minutes, nous débouchons sur un magnifique tertre herbeux en balcon sur la vallée. Mireille ne résiste plus à l’envie d’être nue et nous passons un bon moment à admirer les montagnes, les pieds dans les touffes d’hysope et les joubarbes, tout en sirotant nos gourdes. Face à nous, s’ouvre la vallée de l’Estrop, surmontée de ses sommets à l’allure sévère.

L’après-midi s’écoule et il faut bien redescendre. Oubliant même que nous sommes nus nous descendons jusqu’en bas et c’est le bruit d’une voiture qui nous rappelle qu’il va falloir se rhabiller avant de déboucher sur la route. Les meilleures choses ont une fin…

Villeneuve, le 10 septembre 2009 Yves C.

Camping Mandala : A Prads sur Bléone, le seul de la vallée (non naturiste)
équipé de petits chalets en bois et yourtes Cartes IGN top 25 : 3440 ET , 3439 ET.

Ce message a été écrit par : jfreeman.


   
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(@apnel)
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Inscription: Il y a 2 ans
Posts: 6681
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Merci Yves de nous faire rêver un peu avec ton beau reportage et les magnifiques croquis.

Ce message a été écrit par : Gibert.


   
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(@apnel)
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Inscription: Il y a 2 ans
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Trés beau récit ! Ca donne envie d"y aller..... J"apprécie beaucoup les aquarelles, très expressives. Félicitations à l"auteur !

Amicalement,
Pierre..

Ce message a été écrit par : botanicus.


   
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