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Deborah de Robertis : NUE DEBOUT

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(@apnel)
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Grande timide, l’artiste luxembourgeoise de 32 ans,
en procès pour exhibition sexuelle, se dénude dans les musées...

De l’effroi à l’ivresse, la nudité suscite généralement l’excès. Preuve en est de la vidéaste Deborah De Robertis qui s’est illustrée, ces dernières années, par une série de performances tapageuses. Ainsi, lors de l’accrochage de Bettina Rheims à la Maison européenne de la photographie, elle s’est aspergée de ketchup en combinaison moulante, reproduisant une photo de Monica Bellucci alanguie devant un plat de spaghettis. A l’exposition consacrée aux Barbies aux Arts-Déco, agacée par la plastique chimérique des jouets, elle s’est incrustée, vêtue en poupée poilue. En septembre, elle a donné vie à un tirage du photographe nippon Araki au musée Guimet à l’aide d’une pastèque dégoulinante posée entre ses cuisses. Bref, la performeuse se met à nu en reproduisant des tableaux où elle prend la place du modèle.

Bête noire des musées courroucés par ses frasques, celle-ci a écopé de multiples passages en garde à vue et d’un entretien d’évaluation psychiatrique particulièrement anxiogène. «Pour moi, la garde à vue fait partie de la performance. La psychiatrie, par contre, c’était pour m’intimider. Je me demandais si j’allais finir à Sainte-Anne», se souvient-elle. Certains n’ont pas goûté ses happenings, si bien qu’une visiteuse offusquée a fini par porter plainte, lui valant une comparution le 13 décembre devant le tribunal correctionnel pour «exhibition sexuelle». Le jugement, pour lequel elle encourt 2 000 euros d’amende, sera rendu le 1er février. En 2013, déjà, le Sud-Africain Steven Cohen avait eu l’affront de danser nu, un coq en laisse au bout du pénis devant la tour Eiffel : il avait été déclaré coupable mais dispensé de peine.

Installée entre la France, Bruxelles et le Luxembourg, l’artiste de 32 ans reçoit dans son petit studio du nord parisien, tout en noir, platform shoes aux pieds et anneau dans le nez. Dans un coin trône un DVD des Rêves dansants, documentaire en hommage à la chorégraphe Pina Bausch. Alors qu’elle s’expose crânement en public, paradoxalement, Deborah De Robertis garde jalousement sa vie privée dans l’ombre et préfère s’effacer derrière son travail. Intimidée par nos questions, elle s’étonne : «Ah c’est très intime en fait. C’est une première pour moi.» Elle lâche finalement du bout des lèvres quelques mots sur sa famille, qui n’a «pas tout de suite compris» ses activités mais refuse d’en dire trop à leur sujet. Au Luxembourg (petit pays «qui manque un peu de vie»), ses parents sont de la classe moyenne, le père italien et la mère française ont tous deux «beaucoup travaillé pour avoir ce qu’ils ont». A 16 ans, la lycéenne, qui dépérit à l’école, redouble et se cherche. «En fait, je voulais faire de l’art. A partir de ce moment-là, j’ai pu m’exprimer, trouver un sens à ma vie et tout réussir.» Intermittente précaire depuis peu, elle ne gagne pas encore sa vie. Alors qu’on craint de la tourmenter davantage, elle confie finalement aimer deux hommes en même temps (un artiste et un militant), être sensible à la prose de Christiane Taubira, au film Une sale histoire de Jean Eustache et aux Fragments de Marilyn Monroe qu’elle compte un jour adapter. Et les distractions, dans tout ça ? «Je ne fais que travailler, je ne sors pas», assure-t-elle, même si on a du mal à la croire.

En mai 2014, elle s’approprie pour la première fois une œuvre matricielle, l’Origine du monde de Gustave Courbet qui l’obsède depuis longtemps. Pénétrant sans autorisation au musée d’Orsay, elle mime devant la toile la pose du modèle, sans culotte. Elle raconte : «J’ai toujours su que j’allais le faire mais je ne savais pas quand. Au début, c’était difficile d’exposer mon sexe, puis c’est devenu moins personnel. Mon sexe est le sexe de toutes les femmes.» Alors qu’elle écarte les jambes devant un parterre ahuri d’invités et de touristes, elle est interceptée par une garde postée devant elle. «Je me disais, "tu vas vraiment le faire", je tremblais. Dès que j’ai enlevé ma veste, je me suis sentie à ma place, je n’avais plus peur, j’ai ressenti un calme. Pendant mes performances, il y a toujours un rapport de force, j’abandonne toute idée de maîtrise de la situation.»

Un mode opératoire bien rodé qui puise sa genèse dans sa formation à l’Ecole de recherche graphique de Bruxelles en installation performance pendant les années 2000. Pour son projet de deuxième année, Deborah De Robertis se fait embaucher dans un club de strip-tease où elle danse, sert du champagne aux clients et se fait filmer. Une expérience fondatrice pour sa pratique où elle observe les rapports de pouvoirs et la fabrique des stéréotypes. A l’école, la réaction du jury est épidermique, voire condescendante. «Je voulais répondre à la question "qu’est-ce qu’une femme objet ?" Moi, je ne me suis jamais sentie objet car j’ai donné mon point de vue.»

A Paris, elle s’installe en résidence à la Cité des arts, puis est hébergée chez des amis. «Tout ce que j’ai appris en sortant de l’école, je l’ai appris seule. Il a fallu que je me déconditionne des lectures érotiques de mon travail. Ce qui m’a sauvée, ce sont les questions esthétiques et plastiques. Ce sont les féministes qui m’ont donné une voix.» Les performances filmées, une mini-caméra fixée au front, sont minutieusement préparées avec des collaborateurs qui s’occupent du maquillage et des costumes. Elle préfère garder ses vidéos, dont une petite partie a été diffusée sur Internet, pour une future exposition.

Quoi de neuf, alors, par rapport à la radicalité des années 70, s’interroge à son sujet une jeune curatrice parisienne. Aux gestes rageurs de Pipilotti Rist ou à l’exploration corporelle d’Andrea Fraser, qui couchait avec un collectionneur ? Elle cherche ses mots. «Le propos a mis longtemps à s’affirmer», reconnaît-elle. Très jeune, elle demande à des photographes de la portraiturer : «J’ai très vite mis mon corps en jeu et ça a continué.» Le geste loin d’être anodin, indique sans doute un renversement du rapport au corps : «Je ne tire pas de plaisir à m’exposer mais cela m’apprend à accepter mon corps comme il est.» C’est, selon les mots de la philosophe Geneviève Fraisse, qui écrit sur la nudité politique et a suivi ses travaux, «un corps qui regarde». Ainsi, plus on se montre, mieux on voit. «La nudité est une planque, de là on peut comprendre énormément de choses», résume Deborah De Robertis. Ces performances prônant le caractère réversible du voyeurisme posent question : «Qui décide que l’art est de l’art ?» «Les institutions artistiques sont-elles là pour être perturbées ?» Deborah De Robertis répond en dénonçant, selon elle, l’hypocrisie et la censure des institutions, comme le musée d’Orsay qui, à l’occasion de ses 30 ans, proposait, dans une réclame racoleuse de «venir voir des nus». Ils en ont eu pour leur grade.

12 février 1984 Naissance à Luxembourg. 29 mai 2014 Performance devant l’Origine du monde.13 Décembre 2016 Comparution au tribunal pour exhibition sexuelle.

Source : http://next.liberation.fr/arts/2017/01/02/deborah-de-robertis-nue-debout_1538684.

Ce message a été écrit par : jfreeman.


   
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(@apnel)
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L"artiste Déborah de Robertis arrêtée après s"être exhibée nue dans le sanctuaire de Lourdes
19h18 , le 1 septembre 2018, modifié à 15h19 , le 2 septembre 2018

INFO JDD- La performeuse luxembourgeoise Déborah de Robertis a été arrêtée vendredi soir pour exhibition sexuelle.

La foule des pèlerins n’a pas dû en croire ses yeux en voyant, vendredi vers 17h40, une drôle d’apparition en plein milieu du sanctuaire de Lourdes. Déborah de Robertis, artiste performeuse luxembourgeoise âgée de 34 ans, se trouvait entièrement nue devant une assemblée de croyants et de religieuses. Ses cheveux seuls étaient recouverts d’un voile bleu de madone. Dans une vidéo postée sur YouTube, mais supprimée depuis, on voit des catholiques intervenir pour recouvrir sa nudité.

Interpellée et placée en garde à vue

La jeune femme a été interpellée, et placée en garde à vue pour exhibition sexuelle, selon une source policière interrogée par le JDD. Cette dernière est déjà connue des services de police pour ce type de délit. L’artiste féministe utilise en effet sa nudité pour des performances ; elle avait par exemple posé nue, les jambes écartées, devant la Joconde au musée du Louvre à Paris. Le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamnée à 35 heures de travail d’intérêt général pour avoir mordu au bras un gardien, mais elle avait été relaxée du chef d’exhibition sexuelle.

Le 29 mai 2014, la performeuse avait tranquillement reproduit la pose du modèle de L’Origine du monde de Courbet, tableau exposé au musée d’Orsay. Déborah de Robertis, ancienne membre des Femen, dit questionner la place des femmes dans la société, à travers ses happenings. Lors de ses précédentes comparutions devant la justice, elle avait dit sa volonté de recommencer, c’est selon elle son rôle d’artiste.

Beaucoup d"information sur son compte twitter : https://twitter.com/d_derobertis?lang=fr

https://vimeo.com/287928578

Sa vidéo a été censurée par youtube et instagram, heureusement elle est encore présente sur vimeo 🙁

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Ce message a été écrit par : jfreeman.


   
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(@apnel)
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Un bel article sur cette artiste "hors normes" 🙂

C’est le 31 août, devant la grotte, que la vierge est apparue.
C’était à Lourdes et la vierge, cette fois, était nue.
L’image qu"il reste est belle et étrange à la fois.

Devant la foule de fidèles agenouillés devant le sanctuaire, Déborah de Robertis, seulement vêtue d’un voile bleue, se tient immobile, les mains jointes, devant la grotte de Massabielle, juste dessous la statue de la Vierge Marie sensée être apparue à la petite paysanne Bernadette Soubirous en 1858. Elle est restée un court moment immobile, le regard fixe, avant d’être pudiquement couverte et transportée, toujours raide, hors du cadre.

Ensuite, pendant plus de quarante minutes, face au mutisme de l’artiste qui avait décidé de garder le silence, les policiers ont tenté de la contraindre à monter dans une ambulance pour la faire interner. Déborah de Robertis a l’habitude : "J"ai déjà été internée de force et passé une nuit en hôpital psychiatrique où on m"a littéralement traité comme une malade mentale."

La sainte et la sorcière
La jeune vidéaste de 34 ans est pourtant loin d’être folle. A Lourdes, elle a joué Marie et Marie-Madeleine à la fois, "la vierge et la putain", la sainte et la sorcière.

La vidéo de sa performance se conclut sur un extrait de l’Evangile selon St Luc : "Magnifique le ventre qui t"a porté, Magnifique le sexe qui t"a enfanté", comme pour mieux rappeler que ce n’est pas le corps de la femme qui est obscène, mais le regard que pose l’Eglise dessus.

Le 19 mai prochain, elle sera jugée à Tarbes pour "exhibition sexuelle", un motif de plainte systématiquement invoqué contre elle :

"Pour les institutions, qu’elles soient religieuses ou artistiques, le corps nu de la femme est toujours vue sous un prisme sexuel et "offensant", comme pour mieux invisibiliser le geste politique et artistique qui en est l’origine."

"La femme qui buzze en montrant son sexe"
Déborah de Robertis est une artiste singulière et incomprise. Ignorée et largement sous-estimée par le milieu de l’art, elle est pourtant de plus en plus connue du grand public comme "la femme qui fait du buzz en montrant son sexe".

C’est tout le paradoxe et la difficulté de celle qui interroge depuis quatre ans la place des femmes dans l’histoire de l’art et l’hypocrisie des musées français. Comment être prise au sérieux par ces institutions dès lors qu’on les accuse de censure ? Comment rentrer dans les cadres de diffusion traditionnels lorsque – et c’est tout son propos, on n’a de cesse de vouloir sortir des cadres justement ?

Depuis sa première performance en 2014 au musée d’Orsay où elle rejouait le tableau "L’Origine du Monde" de Gustave Courbet, l’Ave Maria de Schubert en fond sonore, l’artiste n’a eu de cesse de recréer, obsessionnellement, des œuvres, bien vivantes celles-là, orgiaques, joyeuses, pour "libérer le modèle et ses représentations" jugées trop lisses et figées.

Strip-teaseuse à l"école
Déborah de Robertis est née au Luxembourg en 1984 et a fait ses classes dans une école réputée, l’Ecole de recherche graphique de Bruxelles (erg), l’une des principales écoles d’art et de design de Belgique (Benoît Poelvoorde y est passé). Option performances et vidéos. Premier fait d’armes, première polémique : elle se fait engager comme strip-teaseuse dans "un bar à champagne miteux". Puis filme sa prestation, non pas du côté des spectateurs, mais de son point de vue à elle, sur scène.

Lorsqu’elle présente le film de son travail à un jury, l’un des professeurs fait un malaise : "Il a voulu sortir de la salle, se sentait oppressé". Un autre lui dira :

"Et à part battre des cils, vous savez faire quoi ?".
En deuxième année, elle prend la place d’une prostituée dans une vitrine de Bruxelles et, GoPro sur la tête, réitère l’expérience. Inversion des rôles regardés-regardant, muse-artiste. "De femme-objet, je suis devenu sexe-pensant et j’ai compris à partir de là que ma nudité était une planque par où regarder le monde sans être vue", résume-t-elle.

Source : https://www.telerama.fr/personnalite/cyril-hanouna,355738.php.

Ce message a été écrit par : jfreeman.


   
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